Tout le monde sait que rien ne se passe comme ailleurs à San
Francisco, la ville rebelle la plus libérale des Etats-Unis.
Ainsi, on peut se promener nu en toute légalité dans les
rues de la ville. A quelques exceptions près, jusqu’à présent (comme l’interdiction
d’emmener à l’école un petit enfant sans couche), ce droit est reconnu à tous.
Tout juste, l’année dernière, les autorités ont demandé aux
nudistes de mettre une serviette sous eux lorsqu’ils s’assoient sur un banc
public et ils n’ont plus le droit de manger au restaurant, tout cela pour des
questions d’hygiène.
Cette liberté de la nudité provient d’une absence de
législation au niveau de l’Etat de Californie et de la décision de sa Cour suprême
selon laquelle la nudité n’est pas répréhensible si elle n’a aucune intention
sexuelle et qu’elle se déroule dans certains lieux.
Pour autant, à San Francisco, même si des interdictions
existent, notamment dans les parcs de la ville, aucun nudiste n’est traduit
devant une cour ou n’est même verbalisé. Tout juste est-il informé qu’il a
violé la loi.
Mais ce qui relevait d’un certain folklore tout en étant
défendu bec et ongles par nombre d’activistes des libertés qui vivent dans la
cité californienne, est devenu un réel objet de division depuis qu’un groupe de
la communauté gay qui vit dans le quartier de Castro, les «Naked guys», a
envahi un parc public, le «Jane Warner Plaza», et y a érigé la nudité en pratique
quotidienne, s’affichant, qui plus est, de manière ostentatoire et, surtout, avec
des accessoires sur le corps, notamment sur leurs organes sexuels.
Du coup, une partie de la population a réagit, en
particulier les commerçants et les professionnels du tourisme, en demandant aux
élus d’agir.
L’un d’eux, Scott Wiener, déjà à l’origine de la serviette
et de l’interdiction de la nudité au restaurant, propose demain au conseil
municipal de bannir toute nudité sauf pour les enfants de moins de cinq ans, pour
deux manifestations annuelles (notamment la gay pride) et pour les seins nus.
Cette démarche a provoqué une levée du bouclier des tenants
du nudisme et, en particulier de sa passionaria, Gypsy Taub (www.mynakedtruth.tv).
Comme d’habitude, ces activistes en appellent à la
Constitution, aux libertés fondamentales sur fond de toutes les conspirations
possibles et imaginables qu’ils prêtent aux pouvoirs publics (Gypsy Taub est
devenue nudiste pour protester contre le complot de l’Etat fédéral à l’origine,
selon elle, des «faux» attentats du 11 septembre…).
Si la municipalité de San Francisco décide, demain, de restreindre
drastiquement le nudisme, de nombreuses plaintes sont prêtes à être déposées
devant la justice.
Nous n’en sommes qu’au début de la bataille.
Alexandre Vatimbella
© 2012 LesNouveauxMondes.org